A la découverte des Canyons d’Estive

Après les canyons d’alpage, nous voici dans les Pyrénées pour la saison d’été.
Ici, c’est le terme Estive qui vient nommé les pâturages des Pyrénées.
Le début de la saison de canyon étant plutôt calme, nous en profitons pour aller explorer durant 2 jours quelques canyons du coin avec Alexandre Pierre, ami moniteur d’escalade et de spéléologie.

Après avoir pris tous les renseignements nécessaires concernant les canyons, nous voici partis dans le canyon du Bitet situé dans la vallée d’Ossau. Canyon divisé en deux parties, nommées partie supérieure et partie inférieure, entrecoupées par un barrage d’eau et une section de marche. Le niveau de difficulté diffère d’une partie à l’autre.
Ce canyon venait tout juste d’être réouvert après nettoyage et rééquipement par un professionnel local . En effet, suite aux crues hivernales, la route d’accès s’était effondrée et de nombreux débris d’arbres et de pierre avaient abimé les équipements en place et encombraient le canyon.

Le Bitet

Nous avons laissé une voiture à la fin du canyon et une voiture à la jonction entre les deux portions pour nous épargner une partie de la marche d’approche, avec quelques affaires pour nous restaurer au moment de la jonction. Puis nous avons attaqué la montée jusqu’au départ, environ 3 kilomètres avec un peu plus de 400m de d+, chargés de nos cordes, combinaisons, baudriers et matériel de progression dans le canyon, dans une ambiance assez particulière. Une brume nous enveloppait laissant une visibilité d’à peine quelques centaines de mètres, et une bruine tombait en continue.
Même sans visibilité la marche d’approche était agréable. Nous nous avons progressé au milieu de la forêt et des pâturages sur un sentier bien marqué, avec la surprise de croiser des vers parasites, nématomorphes, assez rares à rencontrer en raison de leur petit diamètre que l’on pourrait comparer à quelque chose d’à peine plus gros qu’un cheveu.

Ce canyon présentait une certaine diversité. Le rocher variait en couleur, passant du noir au gris clair, ou au marron. La succession des étroitures nous a permis de découvrir différents types de concrétion, d’arche, de cascade et de varier les styles de saut. Une bonne partie du canyon était encore jonchée de troncs et de branches d’arbre qui nécessitaient un peu d’escalade pour les franchir.
Un élément marquant de ce canyon, le rappel de 35m. Il débutait sur le bord d’une gorge, longeait une grosse cascade et nous faisait atterrir dans une grosse vasque dans laquelle nous nous sommes fait plaquer par la force des remous. Le bruit de la cascade résonnant contre les parois était assourdissant.

L’enchainement de l’intégral du Bitet nous aura pris 6h en incluant la marche d’approche du parking intermédiaire ainsi que celle de transition entre les 2 canyons.

Le canyon du Cely

Pour la deuxième journée, nous avons prévu 2 deux canyons situés, comme le précédent, dans la vallée d’Ossau .
Le premier est le Canyon du Cely, alias la cascade du Serpent, situé au dessus de Eaux-Bonnes et le deuxième le Cap de Pount, situé dans le parc des Pyrénées.

Pour le canyon du Cely, nous avons débuté la journée avec une météo presque identique à la veille, de la brume mais sans bruine.

La marche d’approche était plus courte que la veille, une vingtaine de minutes, mais l’accès un peu plus abrupt. Il nous fallait descendre une pente herbeuse assez raide pour rejoindre le départ du canyon. Les sacs et l’herbe humide n’aidant pas notre progression, la prudence était de mise pour ne pas dévaler la pente.

Ce canyon ressemblait beaucoup au Nant de l’enfer, que j’avais effectué dans les Alpes. Une descente sur un calcaire micritique sombre bordé de pentes herbeuses, avec une succession de petits rappels ou ressauts à désescalader. Les obstacles s’ouvraient de temps à autre sur la vallée qui, au fur et à mesure de notre progression, se découvrait de son habit de brume.
Nous avons apprécié deux beaux obstacles, une belle vasque suspendue donnant sur une cascade de 23m avec un jet en demi-arc de cercle, et une cascade de 65m pouvant se descendre dans l’actif d’une seule traite, et se terminant par un beau toboggan bien raide.

Cap de Pount

Sitôt fini le Canyon du Cely, nous sommes partis au lac de Bious Artigues, point de départ de la randonnée pour notre deuxième canyon de la journée. Cette fois-ci, changement radical d’ambiance, nous avons la chance d’avoir un ciel dégagé et un grand soleil. L’accès à ce canyon se fait par une randonnée à travers le parc des Pyrénées. La vue étant dégagée, nous avons pu profiter d’un magnifique panorama avec une vue sur le célèbre Pic du Midi d’Ossau (alt 2884m) qui domine la vallée.

Après une petit heure de marche à travers la forêt et les pâturages , nous sommes arrivés au départ du canyon qui vient, par son cours d’eau discret, découpé les vallons environnants. Ce canyon est composé de calcaire ancien dont la couleur et la composition pourraient faire penser à du gneiss, mais ce n’est qu’une impression car, dans l’eau, point d’adhérence! Cela s’apparente plus à une patinoire.

Le Cap de Pount est un canyon qui serpente. Il est composé de nombreux ressauts de faible hauteur, entre 2m et 5m, qui peuvent se sauter ou bien se descendre en rappel. Le tracé du canyon surprend car il alterne des passages où nous sommes complètement enfermés dans des gorges, avec d’autres, où nous progressons au milieu des pâturages.
Nous avons apprécié ce canyon pour sa diversité de structure; nous sommes passés sous des arches, dans des vasque percées, nommées marmites en raison de leur forme, et même dans un rocher en forme de dé dont les surfaces auraient été retirées.
Le déplacement en marchant dans l’eau étant compliqué en raison de l’aspect glissant du rocher, nous nous sommes laissés porter par l’eau, et glisser le long des rochers lorsque cela était possible.

Après ces deux jours dans la vallée d’Ossau, nous envisageons d’explorer les plus beaux canyons dans la vallée d’à coté dès que notre planning nous le permettra. Et surement un autre récit d’aventure à raconter.

Photos : Theo Brigaud
Moniteurs (par ordre alphabétique) : Théo Brigaud, Alexandre Pierre.